Historiquement, le papier est fabriqué naturellement par une espèce de guêpe, notamment dans le sud de la France, qui "pré digère du bois", et produit ainsi la cellulose, nécessaire à la fabrication de ce papier. Ce papier lui sert à créer les alvéoles hexagonales de son nid, qui accueillera ses larves.

 

 


Avant l'apparition du papier, les écrits étaient conservés sur des parchemins ou du papyrus (voir ci-dessous).

 

Le papier est apparu au IIIe siècle av. J.-C. en Chine, sous le règne de Qin Shi Huangdi (fondateur de la dynastie Qin). Les chinois avaient alors repéré les dépôts blancs d'écume sur les rochers à la suite des crues. Ils ont alors essayé de le reproduire.


 


C'est Tsai Lun, ministre de l'agriculture qui, en 105, codifie pour la première fois l'art de fabriquer du papier. Ils utilisaient du lin, du chanvre, du bambou et de l'écorce de mûrier.


Ce secret restera chinois et japonais jusqu'au VIIIe siècle. Lors de la bataille de Samarkand en 751, les Maures, victorieux font prisonnier de nombreux chinois et récupèrent ainsi le secret. Ils comprennent rapidement l'intérêt de ce nouveau support pour propager l'islam. Ils essayeront sans résultat d'y incorporer du coton afin d'améliorer sa blancheur.


Le papier arrive alors en Occident avec les conquêtes Maures. On le retrouve à Bagdad en 793, au Caire en 900, à Xàtiva (San Felipe, Espagne) en 1056, en Sicile en 1102, à Fabriano (Italie) en 1276 et enfin en France au début du XIVe siècle. Le papier est alors un bien rare et des édits sur le recyclage du papier sont prononcés. On y incorpore alors des vieux chiffons qui prennent vite de la valeur, d'où l'expression se battre comme des chiffonniers.


Vers 1150, la première machine à papier européenne fut créée en Espagne.

 

En créant un système d'impression à caractères mobiles vers 1440, Gutenberg a donné naissance à l'imprimerie en Occident et a permis de vulgariser la connaissance par l'usage des livres. Cela dope l'utilisation et donc la fabrication du papier. Le papier devient alors artisanal, avec utilisation de l'énergie hydraulique. Les artisans papetiers, majoritairement protestants propulsent la France au premier rang parmi les nations papetières.


 

Cependant, la révocation de l'Édit de Nantes en 1685 sonne le glas de la suprématie française.


En 1673, les hollandais font une invention capitale pour l'industrie papetière : en mettant au point le cylindre hollandais qui permet de remplacer la piles à maillets dans la trituration des chiffons.

 

 

Les gains sont en terme d'énergie, de main d'œuvre et de qualité. Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour voir ce cylindre se répandre dans toute l'Europe.

 

C'est incontestablement au XIXe siècle que la fabrication du papier s'industrialise avec l'invention de la première machine à papier en continu de Louis Nicolas Robert (1761- 1828) en 1798. L'alimentation en pâte est alors faite en continu et le papier sort en bobine. En moins de vingt-cinq ans, l'ingénieur Bryan Donkin perfectionne « sa » machine (pas moins de 40 modèles différents : voir à gauche). Vers 1825, les papetiers s'équipent en Europe et aux États-Unis : la machine est copiée, imitée. Vers 1850 apparaît la première machine à fabriquer le carton multicouches. À la même époque, on dénombre plus de 300 machines en Angleterre, près de 250 en France et presque autant en Allemagne. Chacun de ces engins, quoique très étroit et très lent comparés aux machines modernes, était capable d'assurer la production de 10 cuves traditionnelles desservies a la main. Louis-Nicolas Robert ne tirera aucun bénéfice de son invention.


 


La première machine à onduler française est installée en 1888 dans le Limousin.


Les difficultés d'approvisionnement en chiffon se font sentir et l'industrie cherche de nouvelles matières premières. C'est tout naturellement vers le bois qu'ils se tournent. Friedrich Gottlob Keller dépose un brevet en 1844 sur la fabrication de pâte de bois, obtenue à l'aide d'une meule.
La deuxième moitié du XIXe siècle est marquée par l'arrivée massive de la chimie. Les travaux de Français Anselme Payen montrent que dans toute matière végétale existe de la substance blanche et fibreuse : la cellulose et qu'il est possible de la récupérer par des réactions chimiques. Ces découvertes permettent d'avoir des fibres de meilleure qualité et donc d'augmenter les vitesses de production.

 


L'industrialisation lourde est alors lancée. En 1908, la plus grosse machine a une laize (largeur) de 4,30 m et roule à 165 m/min. En 1910 la vitesse de 200 m/min est franchie. En 1935, la plus grosse machine fait 8,15 m de laize et tourne à 425 m/min. Le cap des 1000 m/min est franchi en 1958. Actuellement les machines font jusqu'à 10 m de laize et tournent à près de 2000 m/min.